Que serait la vie si nous n'avions pas le courage de tenter quoi que ce soit ? (Sina)

Il ne t’a jamais fallu longtemps pour savoir ce que tu voulais. C’est comme ça, Sasha, dans ta nature et ton éducation. On t’a appris à te battre, à regarder autour de toi et à dire : “c’est ce que je souhaite” puis à te montrer digne de l’obtenir. Et même si cette fois tu fais ça en secret, loin de ta famille et oublieuse des interdictions de ton père, tu n’as pas changé de manière de faire. Tu as tendu un doigt, tu as dire : “c’est ici que j’irai”, et depuis tu fais tout pour t’en montrer digne.

Des semaines que tu tournes autour du QG des Forces armées, toujours cachée dans une longue cape de bonne fabrique, comme si cela pouvait éviter à des Miliciens de te reconnaître. Tu ne souhaites pas que cette histoire remonte aux oreilles de ton père voire-même de son supérieur. Alors, si habituellement tu fonces de toutes tes forces, cette fois-ci tu agis avec retenue, calme et observation. Et c’est comme ça que tu l’as découvertes. Une des soldats des escouades de guerrière, une soigneuse, oui, mais qui a tout l’air d’être une égale aux autres soldats. Au départ, ce sont ses cheveux courts, beaucoup trop, qui ont retenu ton attention, et puis, sans le voir, tu t’es mise à l’observer de loin.

Et voilà pourquoi aujourd’hui, enfouie dans ta longue cape, le visage dissimulé, tu as recommencé ton manège. Plantée dans un coin, tu as attendu qu’elle quitte le QG pour faire tu ne sais quoi, et tu t’es mises à la suivre. En silence, gracieuse et féline, tu as suivi son pas en restant en retrait, jusqu’à trouver le courage de briser cette distance qu’il y a entre vous… Alors, quand elle s’arrête quelque part, tu continues de marcher. Tu pourrais la dépasser, retourner à l’anonymat et la laisser tranquille, mais tu t’arrêtes juste derrière elle. Et quand elle se retourne, tu redresses un peu ton visage dans l’ombre de ta capuche, pour croiser son regard, le visage sérieux.

« J’aimerais vous parler, ma dame. Tu te tiens droite, comme un soldat, les mains dans le dos, dissimulées dans les replis de la cape. J’ai… besoin de votre aide. »

Et tu es visiblement bien incapable de lui en dire plus sur le coup, mais tu as quand même la politesse de sortir un bras de ton vêtement pour faire glisser ta capuche en arrière et lui dévoiler ta tête, cheveux blond-roux nattés en une couronnes de cheveux et visage bien taillé.

« Puis-je vous offrir un verre ? »

Il est indéniable que plus le temps passe, plus les ressources s'amoindrissent, néanmoins par un heureux cours des choses notre matériel médical est fiable. Il m'arrive toutefois régulièrement d'aller en ville pour réapprovisionner les stocks, que ce soient des bandages, des désinfectants ou encore des aiguilles.

Ainsi je sortais du QG pour effectuer quelques courses. Il me tardait de pouvoir finir les rénovations de notre infirmerie, le matériel récolté était suffisant, l'espace assez grand pour pouvoir accueillir une dizaine de soldats quant à la salle d'opération. il ne manquait plus qu'à la stériliser. J'étais assez fière de ce que nous avions pu mettre en place avec les autres soldats médecin. Nous avions besoin d'un coup de neuf, et voilà que les locaux sont presque prêts à l'emploi après 20 jours de dur labeur.

En plus ces idiots aiment se moquer de la faiblesse des femmes, mais lorsqu'on leur demande de travailler plus de quatre heures d'affilée ça commence à gémir comme des enfants... Fort heureusement ils ne sont pas tous ainsi. Je m'en allais donc le coeur léger faire ces derniers achats. Une fois que j'eu récupéré le matériel nécessaire j'entendis des pas derrière moi. Je jetais un oeil et vis une cape de bonne facture, une silhouette fine, rien d'inquiétant, surement un(e) civil(e) qui prenait la même route.

Cette personne qui m'avait suivie une partie de la route s'arrêta net d'un coup, ce qui me valu de me retourner abruptement. J'aperçus alors sous cette cape, le visage d'une femme. Elle ne semblait pas vouloir rigoler, elle avait l'air grave. Puis elle pris la parole et dit avoir besoin d'aide. Sa posture me plaisait, elle savait comment s'adresser a un soldat. Elle découvrit son visage, je pu alors constater à sa coiffure qu'elle était de bonne naissance. Toutefois qui dit quelqu'un de bien né dit requêtes qui passent directement par nos supérieurs. Si cette femme n'était pas passée par la hiérarchie, je ne pouvais entendre sa requête en ce lieu.

J'étais sur le point de lui dire que nous devrions nous éloigner quand elle proposa d'aller boire un verre. Je fus soulagée, elle était de bonne naissance certes, mais pas écervelée. Avec plaisir, si vous le permettez je connais un endroit où nous pourrons discuter tranquillement.

Je commençais a marcher vers un café fréquenté uniquement par de vieux pochetrons habitués trop ivres pour se mêler des conversations des autres clients. Je la regardais du coin de l'oeil, tout en avançant silencieusement jusqu'à l'entré du café. En entrant je saluais le barman, et lui demanda ma commande habituelle, il demanda alors à la jeune femme qui m'accompagnait ce qu'elle souhaitait boire. Une fois qu'elle eut passé commande nous prenions place à une table légèrement retirée du reste de la clientèle.

Dis moi, qui es tu ? Et en quoi puis-je t'aider ? lui dis-je finalement, avec un sourire aux lèvres. Avant de porter mon verre à ses dernières.

Tu l’observes avec de grands yeux, Sasha, comme si tout ton plan ne tenait qu’à un fil, fin, et que tu attendais de savoir si elle va l’attraper ou le couper. Ton souffle se bloque dans ta poitrine et tu pinces les lèvres après lui avoir fait ta proposition. La femme qui te fait face à l’air un instant surprise puis elle accepte ton offre et franchement, ma belle, tu te détends tout à coup. Si tu avais l’air d’avoir mis ta vie en jeu, tu viens détendre tes épaules en soupirant doucement et d’un mouvement de tête, tu acceptes de la suivre.

Te voilà donc à lui emboiter le pas. Et si la capte bouge et flotte autour de toi, elle ne cache pas la vivacité de ton pas ou la souplesse de ta démarche. Tu n’as rien du roulement de bassin des femmes bien éduquée qui se paradent en ville, on dirait plutôt un chat qui s’avance en silence. Tes yeux glissent sur les rues et quand vous arrivez aux abords d’un lieu rempli de pochtron, tu ne pipes pas un mot. Pas de crainte, juste une lueur de combattivité dans tes yeux et un mouvement discret de ta main à ta poche, où tu as une petite lame.

« Un hydromel, s’il vous plait. Tu demandes au tenancier avant de glisser quelques pièces sur le comptoir en précisant. Pour le tout. »

Avant de te détourner de l’homme en récupérant ton verre un peu sale dans lequel il a versé le liquide ambré. Tu suis la soldat-médecin jusqu’à une table à l’écart puis tu t’assieds et tu acceptes, enfin, de retirer cette cape qui dissimule ton corps fin, tout en légèreté mais aussi tes bras nus pourvus de muscles fin.

« Sasha Wilde, ma dame. Tu lui offres enfin un sourire doux, brillant. Merci d’avoir accepté mon offre, je voudrais vous soumettre un problème et avoir vos conseils là-dessus. Tu hésites un instant, avant d’ajouter, tout de même. Je suis désolée de vous le dire, mais je vous observe depuis quelque temps. Je vous ai suivi pour cela, j’espère ne pas trop vous importuner. »

Tu viens ensuite amener ton verre à tes lèvres et avaler une petite gorgée d’hydromel avant de réfléchir à la meilleure façon d’obtenir tes réponses sans en dire trop. Il faut dire que, pour l’instant, tu ne sais pas si peut complètement te fier à elle.

« Je voudrais savoir comment vous faite pour que l’armée… les autres hommes, vous prennent au sérieux et entendent votre parole ? Je veux dire… L’ancienneté aide peut-être mais moi, je ne suis personne, et je veux que ma voix soit entendue et respectée. Tu viens sourire un peu plus grand, et enfin tes yeux se mettent à briller. Je voudrais avoir votre assurance et votre force, mais je ne sais pas par où commencer, j’imagine ? »

Alors que je posais mon verre sur la table elle déclina son identité, lorsqu'elle dit ma dame pour s'adresser à moi je ne pu m'empêcher d'avoir un rictus nerveux. Je n'étais pas habituée à tant de formalités. Sasha Wilde avait-elle dit "c'est bel et bien un nom noble... J'espère qu'elle ne va pas m'apporter des ennuis"pensais-je en continuant à siroter ma boisson. Elle disait vouloir des conseils, si ce n'est que ça rien à craindre m'étais-je dit avant de l'entendre avouer m'avoir suivie et observée. Je haussais alors un sourcil "sérieusement c'est qui celle là ?"

Elle porta sa boisson à ses lèvres, moi toujours sceptique face à la situation laissait échapper un simple Je vois... puis comme le silence se poursuivait, et que je n'aimais pas perdre mon temps je l'encourageais à en venir droit au but Continuez ajoutais-je d'un air perplexe.

Je voudrais savoir comment vous faite pour que l’armée… les autres hommes, vous prennent au sérieux et entendent votre parole ? Je veux dire… L’ancienneté aide peut-être mais moi, je ne suis personne, et je veux que ma voix soit entendue et respectée Dit elle enfin avant de poursuivre en souriant Je voudrais avoir votre assurance et votre force, mais je ne sais pas par où commencer, j’imagine ?

Pour tout vous avouer je ne m'attendais pas à ça, je restais donc silencieuse pendant quelques secondes, puis j'allumais une cigarette avant de lui répondre.
Tu veux donc pouvoir t'imposer dans un monde où les humains se soumettent sans arrêt ? C'est simple, la seule chose à laquelle tu dois te fier sont tes propres compétences. Les hommes ... pfff... Ils font tous les malins mais au fond, ils sont aussi faibles que les femmes, faut juste pas leur montrer que tu l'as compris tant que t'es pas sure d'avoir le dessus. Basique, non ?

Elle avait l'air attentive mais légèrement perdue. Je peux te retrouver ici de temps en temps et te donner des conseils mais si ce que tu cherche c'est quelqu'un qui va te chaperonner et te prendre sous son aile, sache que je n'en ai pas particulièrement le temps. Mais dis moi une chose... Dis-je avant de profiter pour tirer un grand coup sur ma cigarette. Pourquoi est ce qu'une nobliotte voudrait sortir de son confort pour se faire entendre et respecter, par des gens qui n'en ont probablement pas envie?

Je l'observais depuis le début, et quelque chose m'intriguait, tout ne collait pas... J'avais du mal a voir où elle voulait en venir, cependant je savais a quel point être une femme pouvait rendre notre parole moindre.

Tu as fini par cracher le morceau avec une assurance qui est clairement bancale. Le truc, Sasha, c’est que tu veux sincèrement t’en sortir, trouver ta place et ne plus avoir la sensation que l’on ne te prendra pas au sérieux parce que tu es une femme, tu es jeune, tu es noble et bien d’autres. Et c’est ce que tu cherches en prenant ce verre avec la soldat. Alors tu parles, oui, de manière rapide et précise, avant de boire un peu de liquide pour maintenir ta contenance.

Sa réponse ne te surprend pas vraiment. C’est comme si tu t’en doutais un peu. Elle te dit de ne pas te soumettre, de te fier à ce que tu vaux et ça te parle, comme manière de faire. Sauf que tu sais aussi que tu as des manquements et qu’on s’en servira contre toi. Tu hoches quand même la tête à sa question presque rhétorique.

« Basique je ne sais pas, mais je comprends. Tu lui offres un léger sourire, alors que la trentenaire se remet à parler, te proposant son aide de temps à autre et cette fois-ci, elle te tire une expression bien plus solaire, heureuse et rassurée en même temps. Ce serait un honneur, ma dame, de pouvoir recevoir vos conseils. Je me doute que vous ayez fort à faire dans vos taches quotidiennes, je n’oserai pas en demander plus… »

Et tu te dis que tu trouveras peut-être un moyen de l’aider ou de faire en sorte que ce temps qu’elle pourrait t’offrir ne soit pas trop difficile pour elle. Tu es douée pour bien des choses Sasha, tu pourrais lui proposer de l’aider sans attirer l’attention de l’armée. Enfin… c’est encore à faire et tu n’as pas envie de te propulser trop vite. Par contre, quand elle vient te poser une question, simple hein, tu te rends compte que tu te heurtes encore à cette barrière de ton rang.

« Pourquoi pas ? Tu réponds, tout d’abord, d’un ton aussi insolent qu’obstiné, avant de te reprendre et soupirer. Je n’ai pas choisi ma naissance, et je suis bien mal placée pour me plaindre d’où je viens, mais je veux choisir mon futur. Être une femme du Centrum, mariée trop jeune, dédiée à faire des enfants et sourire en société, ça ne m’intéresse pas, moi je veux être utile. Je veux me battre et je fais tout en ce sens ! »

Tu relèves le nez pour planter tes yeux bleus dans les siens, sans sembler craindre sa réaction ou une potentielle moquerie. En faite, tu es diablement sûre de toi en déclarant tout cela, et tu finis par avoir même le culot de rétorquer.

« Et vous ? Pourquoi vous êtes soldat ? Pourquoi vous prenez le risque de sortir face aux titans, dehors ? »