җ Kanaan - Mettez 3 âmes dans un même corps, et observer le chaos à l'état pur.

Lorsque tu es venu au monde, Kanaan, ta mère vivait dans la ville de Fortschritt et tu n’étais pas seul. Une petite fille avait grandi avec toi pendant 9 mois et si tu es né avec elle, si tu as partagé tes premières larmes, nuits et tétée avec elle, tu n’en gardes aucune réminiscence. Et pour peine : ton père t’a emporté loin d’elle avant que tu ne puisses créer tes premiers souvenirs. Même pas pour te garder, t'élever, faire de toi un homme. Non, voyons. Pour te vendre, salement, sous le menton et effacer une de ses dettes.

Si tu n’as jamais sû la vérité sur cette histoire, tout ce que tu sais, c’est ce que ton père d'adoption a bien voulu te dire. Ta mère était instable et menait une vie de débauche. Paniquée à l’idée de s’occuper de deux enfants alors qu’elle n’arrivait pas à se gérer elle-même, elle s’est séparée d’un des jumeaux. Toi, parce qu’elle t’aimait moins. C’est ton père qui t’a sauvé la vie et t’a emmené loin d’elle, avant de te confier à un "ami de confiance". C’est pour ça que tu devais l’aimer, te rappelait-il sans cesse. Un montage de toute pièce, que tu crois encore complètement.

Et qu’est-ce que tu l’as aimé, ton père d'adoption. Même quand, gamin maladroit, souvent perdu ailleurs, tu te cognais dans quelque chose et qu’il devenait dingue. Même quand il te punissait sans manger pendant 48h dans ta chambre et que pour faire tes besoins, c’était avec les moyens du bord. Même quand sa main menaçante se dressait au-dessus de ta tête. Même quand les coups te faisaient voir trouble et que tu ne savais plus s’il était vivant ou juste un démon.

Et tu sais quoi, Kanaan ? À chaque fois que tu lui en voulais, que tu le craignais, que tu te demandais s’il avait réellement le droit de faire ça, tu te haïssais un peu plus. Parce que lui, au moins, ne t’avait pas abandonné, préférant une soeur inutile à toi. Lui te nourrissait et te laissait dormir dans une couverture dans la buanderie. Lui, ton père ! Et tu te devais de l’aimer.

Pourtant, tu ne compris le sens d’aimer que lorsque tes 5 ans sonnèrent. Ton père, qui avait déjà pris l’habitude de mélanger ses médicaments et l’alcool en fit un excès un peu trop important un soir. Tu ne t’en souviens plus, parce qu’on t’a volé les souvenirs de ce moment. Tu sais juste que tu pleurais, et que tu avais mal. Après… le trou noir.

Micah vit le jour cette nuit-là. La première chose qu’il aperçut, ce fut la neige qui commençait à recouvrir le cadre de la fenêtre et puis, d’un seul coup, une brûlure explosa en lui. Dans le reflet sombre de la vitre, sous ses yeux vitreux, il découvrit un homme derrière lui, à la limite de l’extase. Et si ce qu’il faisait de lui le dégoûta au plus haut point, il ne put l'arrêter, car la souffrance fit céder ses jambes et lui arracha un hurlement.

Les mois qui suivirent, Micah s’endormait souvent en souffrant de part en part. Trop faible pour protester, il ne comprenait pas non plus pourquoi il se retrouvait sans cesse devant cette fenêtre, à souffrir encore et encore. Jusqu’à, une nuit, partager les rêves de Kanaan. Incapable de bien saisir l’étrangeté de cette scène, il put enfin comprendre pourquoi on ne l’appelait jamais par son nom. Tout le monde croyait avoir affaire à cet autre garçon. Pour cacher sa présence et éviter des punitions et tortures affreuses à ce môme silencieux, Micah se mit à répondre au nom de Kanaan et tenter de s’organiser pour aider l’autre âme à ne pas souffrir de ses actes

Tu ne sus jamais pourquoi tu t’es mis à peine et à écrire Kanaan. Peut-être était-ce parce que tu retrouvais des notes et des dessins en permanence dans tes poches et que tous tes copains trouvaient ça super chouette ? En tout cas, tu mis autant d’acharnement à dessiner que tu en mis à aimer ton père, plus, toujours plus. Jusqu’à ce qu’il aille trop loin, non pas avec toi, mais avec ce mix alcool médicament dans lequel il avait noyé sa vie depuis des années. Et, un matin, il ne revint plus à lui. Sans ménagement, on s’occupa de ton cas et c’est dans un orphelinat de la ville souterraine que tu atterris.

Et si quelque chose se mit à rythmer tes jours, Kanaan, ce fut les larmes, par crises et vagues, qui ne cessèrent de te secouer, encore et encore. Toi, tu pleurais, tout le temps. Tu étais trop petit, trop faible, trop timoré pour te faire accepter par les autres enfants. Et tu te mis à t’isoler de plus en plus pour fuir ces rapports aux autres que tu n’arrivais pas à gérer. Les seuls souvenirs sans humidité dont tu te souviens, ce sont les moments partagés avec cette petite rouquine qui s’était mise à te couver. Une petite maman haute comme trois pommes et ce regard plein d’amour que tu lui lançais. Oh oui, Kanaan, tu as toujours été amoureux de ta sauveuse, même si tu ne le sais pas.

Quand Micah reprenait le flambeau, c’était principalement de nuit. Il avait tenté de le faire en journée, mais dès lors que celui qui répondait au nom de Kanaan ne pleurait pas dans son coin, les autres enfants venaient lui chercher des noises. Et s’il avait tenté tout de même de se défendre, de foutre une bonne raclée à ceux qui lui avaient fait tant de mal, Micah se rendit compte qu’on leur rendait coup pour coup quand Kanaan était éveillé. Il cessa donc de se venger et se mis à ruminer.

C’est comme ça que l’âme trop vieille pour ce corps de 6 ans se mit en tête de se préparer au combat. Et si Micah laissait désormais la conscience au bambin pour la journée, il récupérait le flambeau dès que la nuit tombait et s’astreignait à s’endurcir. Qu’importe la fatigue, la douleur ou les difficultés, il avait décidé qu’il se vengerait, un jour, et il tiendrait parole.


Tu avais 12 ans quand l’orphelinat ne résista pas plus longtemps aux difficultés de cette vie dans les tripes de la terre. Ce fut grâce à l’aide et l’ingéniosité de Saskya que tu pus survivre. Littéralement collé à ses baskets, tu te mis à la suivre comme son onde, attendant toujours d’elle qu’elle te protège. Pourtant, la fin du monde accélérée, la fatigue chronique qui allait de pair avec une double âme et les séquelles de ton enfance traumatique eurent raison de ta force. Et peu à peu, Kanaan, tu te vis sombrer dans une dépression silencieuse, simplement rendue visible par les crises de larmes de plus en plus violentes et ton attitude qui devient encore plus fuyante avec tout le monde, même ta sauveuse.

Cela dû te porter préjudice. À moins que ce ne soit ton existence toute entière, tu ne le sais pas vraiment. Il n’empêche qu’un jour, les enfants du groupe profitèrent de l’absence de Saskya pour t’entraîner avec eux. Tu eus beau refuser, supplier, pleurnicher, ils te trainèrent dans leur sillage et voulurent te faire une blague. Bien mauvaise… En voyant la meute de chiens affamés, tu ne pus même pas bouger.

Micah reprit la conscience de force pour la première fois, parce que le danger était bien réel et qu’il était fait pour ça. Il se retrouva devant la meute de chiens aussi affamés que son corps. Les autres gamins prirent la fuite, lui, il reçut le premier molosse et réussi à le plier en deux d’un coup de pied. Ce fut tout… À un contre 5 animaux, il se fit déchirer ses vêtements, mordre, et sentant qu’il allait perdre, il prit la fuite. Et il avait couru, vite, loin, à perdre haleine, jusqu’à ce qu’un malaise dû à un état de santé déjà abîmé ne le fasse chuter sur le sol, en plein cagnard. Là… il avait perdu conscience.

Lorsque Fahim ouvrit les yeux, il était nauséeux et avait mal au poumon. En passant une main sur son flanc, il découvrit qu’il était en sang et il se releva paniqué. Ce fut lui qui reprit la marche et qui avança, encore et encore, sans savoir où il était ni pourquoi il était blessé. C’est en tombant sur un groupe d'habitants qu’il comprit que tout cela n’était pas normal. On lui demandait s’il était malade et il secoua la tête. Ensuite s’en suivit une longue discussion qu’il dû mener à bien pour qu’on lui vienne en tête.

C’est des suites de l'attaque d'animaux, lui expliqua-t-on, qu’il était si perdu, qu’il mit plusieurs jours à s’en remettre. Qu’il était un survivant, puisque les chiens ne l'avaient pas dévoré vivant. On lui expliqua où il se trouvait et sa douceur pour eux plut au groupe : on lui proposa de rester avec eux. Sans autre solution, Fahim accepta cette proposition.

Il ne lui avait fallu pas beaucoup plus d’informations pour comprendre qu’il s’était éveillé d’un looong rêve grâce à cette morsure. En quelques semaines, il devint obnubilé par ce que ses compatriotes appelaient monstres, qui ne n’était qu’une nouvelle espèce pour lui. Il fut également maître de la conscience pendant plusieurs semaines (à ce jour, c’est lui qui détient le plus de temps de conscience d’affiler, d’ailleurs), devenant un membre du groupe, une sorte de psy au passage.

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¤ Avec les années, Micah et Fahim sont entrés en contact. Le premier se chargeant de les garder en vie, le second de gérer leur relation sociale et leurs sentiments.

¤ Pendant de nombreuses années, Micah s’est enrôlé auprès d’un groupe de mercenaires de Fortschritt, qui utilisaient souvent le tunnel reliant les deux villes pour piller l’autre cité. Il est allé plusieurs dizaines de fois à Widerstand, et s’il n’aime pas la ville, il la connait bien désormais et y passe encore parfois, quand il a besoin de s’enfuir, se cacher ou prendre du recul.

¤ C’est Fahim qui a mis un point à cette affaire avec les mercenaires, jugeant que c’était trop de changement fréquent pour Kanaan. Ca a provoqué des conflits violents entre les deux étrangers du corps.

¤ Il y a 5 ans, Kanaan a décidé de s’engager dans l’armée. Les deux autres n’ont pas compris au départ, puis en découvrant sa volonté d’en finir en étant utile à sa vie, un peu embrigadé aussi par les discours militaires, ils ont décidé de tout faire pour le tenir en vie.

¤ Ils ont donc été officiellement promus soldats il y a quelques semaines, et viennent d’être affecter à une escouade. Fahim et Micah se sont mis d’accord pour que Micah gère tout ce qui se passerait hors des murs et que Fahim veillerait sur Kanaan pendant les patrouilles à l’intérieur des murs.

¤ Si Micah et Fahim sont des humains, Kanaan possède le gène shifter. Il n’a cependant jamais été assez longtemps à la conscience pour le découvrir. De plus, il a entièrement disparu de la circulation quand il a été enlevé par son père, donc ignore tout de sa famille ou de ce genre de chose.