Bon, très clairement, Karhlya, tu aurais pu le laisser se reposer. Même ta mère t’a lancé un drôle de regard, lorsque tu as pointé le bout de ton nez dans la cuisine pour servir un bol de soupe, l’installer sur un plateau, pour finalement l’emmener jusqu’à son patient. D’ordinaire, tu ne joues pas à ça, c’est plutôt son rôle à elle, son habitude, d’ailleurs, elle aurait fini par le faire si tu ne l’avais pas prise de vitesse. Mais voilà, visiblement, tu es sensible à sa détresse, peut-être parce que ça concerne des histoires de famille, et qu’à tes yeux, c’est précieux, peut-être aussi parce que sa façon de … mendier ta présence, plus tôt, t’as un peu touchée. Peu importe, de toute façon, non ?
Quoi qu’il en soit, s’il s’était installé près de la fenêtre, t’envoyant une image très mélancolique, d’emblée, lorsque tu entres dans la chambre, il finit par bouger à nouveau, il s’installe sur le lit, non loin du repas que tu viens de lui apporter et puis, il se décale, pour te laisser un peu de place afin que tu viennes t’installer, ce que tu finis par faire, avant de pousser un lourd soupire. « Ça va, j’ai l’habitude d’être à l’extérieur … on peut y passer des jours, en mission. » Eté comme hiver. Qu’il pleuve, qu’il vente, ou qu’il neige, pour vous autres, soldats, ça n’avait jamais fait grande différence. De ce fait, Karhlya, tu n’avais pas eu d’autres choix que de t’y faire, ça faisait de toi quelqu’un de relativement résistant.
Tu laisses ensuite entamer son repas, tu ne sais pas depuis combien de temps cet homme était dehors, à chercher sa sœur, mais tu as naturellement pensé que ça devait faire un moment, vu son état, et que par conséquent, son estomac devait être bien vite. Pourtant, il ne reste pas bien silencieux, à manger, et quand il ouvre la bouche, c’est pour te questionner, de nouveau sur ce que tu fais. Bien entendu, tu n’as la moindre raison de lui cacher quoi que ce soit par rapport à ça, alors, tu hoches doucement la tête pour confirmer ses dires, le laissant continuer sa tirade juste après. « Je vous emmènerais, lorsque vous serez assez en forme pour ça. » Ta mère ferait un scandale, si tu n’attendais pas un minimum que cet homme ait pu se reposer, mais, tu peux aussi comprendre qu’il veuille faire le maximum pour sa sœur. Par contre, Karhlya, lorsqu’il évoque à nouveau son cheval, une idée te viens, et te voilà à te tourner, un peu brusquement vers lui. « Votre cheval … décrivez le moi. » Parce que oui, n’oublions pas que tu as toi-même récupérer un cheval, dans la rue, complètement paniqué, plus tôt dans la journée, ce dernier est d’ailleurs encore à l’écurie, bien à l’abri, sans doute en train de partager un peu de foin avec ton étalon. « J’ai dû m’occuper d’une jument pie bai effrayée tout à l’heure, elle ne vient pas de chez nous, je comptais l’emmener demain chez l’un de nos vétérinaires. »